Effrayant Derrière – Nouvelle Version

Effrayant derrière – Nouvelle version
Dialogues Interdits, ou les conversations subversives et légères de deux personnages abordant tous les sujets sexuels, même les plus tabous. Une série d’histoires complètes, dont les épisodes peuvent se lire dans n’importe quel ordre.
Un nouvel épisode chaque samedi matin à 9 H et chaque mercredi soir à 20 H.

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— Il te va vraiment bien ce jean.
— Un peu trop même. Faut que je pense à me changer avant le repas.
— Pourquoi ?
— Je passe voir mes parents ce soir.
— Ils sont vieux jeu à ce point ? Un pantalon un peu moulant et ils te font un scandale ?
— Ils aiment pas que je mette trop mon corps en avant… surtout le derrière. C’est toujours mieux qu’ils me voient avec un habit féminin, sans être top minette non plus. Faut chercher le juste milieu, une robe bien froufroutante qui cache un peu, par exemple. Mon père m’a toujours dit que j’avais un cul effrayant.
— … Tu plaisantes, ou bien il l’a vraiment dit ?
— Il me l’a vraiment dit.
— Dans quel contexte ?
— « On achète un autre modèle… avec le cul effrayant que tu as, je préfère. »
— T’en as pas été traumatisée ?
— Ça m’a fait rire. Il l’a dit avec son air éternel de pince-sans-rire, de cet air dont on ne sait jamais si c’est du lard ou du cochon. Il était sérieux et je ne le voyais pas.
— Il y a longtemps de cela ?
— Je devais avoir une dizaine d’années. Je sais pas pourquoi c’est sorti à ce moment-là, ça a dû lui échapper. Je faisais des essayages de maillots, en magasin. Les grandes essayaient par-dessus les vêtements, moi je profitais de mon statut d’innocente petite pour tout enlever puis enfiler le vêtement de plage dans la cabine.
— Tant que c’était dans la cabine…
— Tu penses bien que je sortais ensuite pour me zyeuter en pied dans le grand miroir ! J’étais trop espiègle pour m’en passer.
— Pour te passer des regards que ta conduite attirait ?
— Oh, faut pas voir le mal partout… C’était surtout des regards amusés ou attendris.


— Tu fermais le rideau de la cabine, au moins ?
— Sois sûre que papa restait devant à faire le guet avec le rideau bien fermé.
— C’est ton père qui voyait le mal partout, si j’ai bien compris.
— Il voulait un maillot qui me moule pas trop… pour me protéger je pense, l’intention était bonne.
— Le problème c’est que « maillot de bain moulant » c’est comme « string sexy » : un pléonasme.
— On a fini par en trouver un au tissu un peu plus épais et un peu moins près du corps qu’un autre. Là, ça lui allait. ment j’étais assez déçue.
— Faut pas lui en vouloir…
— Maman m’a confiée que mon derrière l’inquiétait depuis longtemps. Faut dire que j’en ai un magnifique depuis mes cinq ou six ans. Peut-être même avant. Je situe par rapport à l’âge où je m’en suis aperçue.
— T’es douée ! Si jeune, généralement on n’a pas le sens du beau.
— Si tu voyais ce que je gribouillais à l’époque, tu en aurais eu confirmation. Et j’étais capable de trouver beau une plaque d’égout rouillée. Disons qu’on a un sens du beau différent. Pour les derrières par contre, j’ai toujours été très précoce.
— Remarque, maintenant que j’y pense, j’ai l’impression que ma petite cousine a conscience d’avoir un beau cul. À même pas sept ans ! Et c’est pas une question de génération puisque tu étais pareil.
— Ah, Corinne ? Quoi de plus logique : elle A un beau cul, non ?
— Ce qui me chiffonne, c’est qu’elle s’en rende compte. Tu crois qu’elle va devenir une chaudasse dès son plus jeune âge ?
— Non ! Je crois qu’à cet âge on apprécie les repères tout simples : ce qui est droit, courbe, angulaire ou rond. C’est pour quoi les s aiment souvent les gros ventres. Corinne aime bien son cul parce qu’elle en apprécie la rondeur, rien de plus. Aucune notion sexuelle ou de séduction là-dedans.
— N’empêche que cette rondeur, elle cherche à la rendre visible. Et elle tente de porter les trucs les plus moulants possibles.
— Là, c’est à sa mère d’être aussi raisonnable que l’a été mon père, et de ne pas lui en acheter.

— Et quand elle fait du shopping avec sa grand-mère ? Sa mamie lui achète ce qu’elle veut.
— Une grand-mère c’est comme une fille : ça s’éduque.
— Au fond, on a bien un certain sens du beau quand on est petit.
— Pour les derrières, oui j’ai un sens quasi artistique depuis ma plus tendre enfance. C’est de famille, je suppose ! Ma tante avait un arrière-train énorme. Ma grand-mère, un tout cambré. Ma mère, un ferme comme un ballon. Chez les nanas de ma tribu, à la première rencontre on regarde plus leurs culs que leurs yeux. Même sans désirs : c’est juste tellement spectaculaire que tu peux pas faire autrement. Un peu comme un objet de curiosité.
— Ton derrière à toi est un peu pareil : on louche beaucoup dessus. J’avoue que moi-même j’y ai souvent porté le regard, et sans la moindre envie de me le cogner.
— J’aime autant.
— C’est presque complexant !
— T’aurais bien tort. Ta lune est tout aussi belle que la mienne, seulement la convention sociale y adhère un peu moins. Question d’époque. La tienne est à la mode Brigitte Bardot.
— L’actuelle ou l’ancienne ?
— La B.B. du temps de Saint-Tropez, évidemment ! Un peu joufflu et en chair. Franchement adorable… tout un tas de types aiment encore, par contre ce n’est plus la majorité. Du temps des années soixante, tu aurais fait des ravages. Si ça se trouve, dans quelques décennies ça aura encore changé. Qui sait si ça sera pas redevenu comme avant ? On dit que les modes, c’est plus des cycles qu’une vraie évolution. On croit que tel nouveau courant est du jamais vu, alors que c’est un ancien courant de retour.
— La mode… on emploie ce terme pour parler de vêtements, pas de parties du corps.
— La mode fonctionne pour tout ! Pour le bronzage, les seins, le grain de la peau, les cheveux. Concernant le bas, en ce moment la mode est aux minous rasés et aux popotins en petites collines rebondies.
— En fait, ton père craignait que ton cul te transforme en catin.
Qu’il te mène sur… des mauvaises routes, quoi.
— Je dirais qu’il avait peur des agressions. Ou bien que les mauvais garçons me tournent autour ?
— Un cul pareil ne fait aucune discrimination : TOUS les garçons sont amenés à tourner autour, les mauvais comme les bons. Tu es un site de rencontres à toi toute seule. Tu vois venir, tu sélectionnes, tu fais l’élitiste et tu ne gardes que le un pourcent qui t’intéresse.
— Au final c’est un peu ce que je fais, oui.

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